(A.P.Hawzah) -Bien que dans l’ensemble la marche de l’histoire soit sujette à une évolution, la bonne marche de son évolution n’est cependant pas inévitable. Cela n’implique pas que chaque société, à chaque phase historique doive forcément évoluer par rapport à l’étape précédente. Considérant le facteur principal de ce mouvement qu’est l’être humain, une créature jouissant de la liberté d’action et du libre-arbitre, son histoire comporte donc des oscillations. Cela dit, dans l’ensemble, elle a suivi, et suit encore la trajectoire d’une évolution progressive. Autrement dit, parmi les spécificités de l’être humain se trouve une contradiction intérieure entre son penchant naturel vers le bas, qui n’a d’autre objectif que l’affaire individuelle, limitée et temporaire, et sa tendance à désirer le haut, qui veut sortir de la limitation du soi et englober l’ensemble de l’humanité.
Le combat intérieur de l’être humain, que les anciens nommaient le combat entre la raison et l’âme, se prolonge bon gré mal gré à travers le combat entre les communautés d’êtres humains : entre ceux qui ont trouvé la perfection et ont obtenu la liberté spirituelle, et ceux qui ont dévié et épousent le caractère animal. Le noble Coran fait débuter ce combat avec l’histoire des deux fils d’Âdam (as) : Hâbîl (as) et Qâbîl.
Au cours de l’histoire passée et à venir, les combats des êtres humains prennent progressivement un aspect confessionnel et doctrinal. L’être humain, au regard des valeurs humaines, se rapproche progressivement du stade de la perfection, c'est-à-dire du stade de l’humain idéal et de la société idéale, et ce jusqu’à ce qu’à la fin, la souveraineté, la justice et la souveraineté des valeurs humaines que l’islam nomme le gouvernement du Mahdî (as), soient établies. Là, il ne subsistera plus de trace de la souveraineté des forces basées sur l’erreur, l’animalité et l’égoïsme.
Il est intéressant de mentionner le fait que d’après une partie des hadiths, le soulèvement du Mahdî (as) se produira à l’heure où l’heureux et l’inhumain auront achevé d’accomplir leur tâche respective, c'est-à-dire que la marche de l’histoire allant de l’avant, l’inhumain sera davantage inhumain et l’heureux davantage heureux, et une telle société se trouvera à même de pouvoir préparer l’affrontement final entre la vérité et l’erreur.
La compréhension superficielle que les gens ont du mahdisme, du soulèvement et de la révolution de l’Imâm al-Mahdî (as), leur fait uniquement croire à une nature explosive et que celle-ci ne proviendra que de l’expansion et de la propagation des tyrannies, des discriminations, des asphyxies, des atteintes au droit et des corruptions, et que l’instauration d’un type d’ordre ne sera que la conséquence du désordre qui l’aura précédé. Lorsque le bien aura atteint le point zéro, que le droit et la vérité n’auront plus aucun partisan, que l’erreur occupera seule le terrain et qu’elle sera la seule force à gouverner, lorsqu’il ne se trouvera plus dans ce monde un seul juste, alors cette explosion se produira par la main de l’invisible qui sortira de sa manche – et non par les gens de la vérité, car la vérité n’aura alors plus de partisans – ; par conséquent, tout amendement est condamné d’avance, parce qu’un amendement est un point lumineux.
Tant que subsistera un point lumineux dans la société, la main de l’invisible ne se manifestera pas. A l’inverse, tout péché, toute corruption, toute oppression, toute atteinte au droit, toute discrimination, toute impureté, en vertu du fait qu’ils forment ensemble les prémisses à la paix universelle et rendent l’explosion imminente, sont permis car « la fin justifiant les moyens », les buts rendent licites les moyens illicites. Ainsi, la meilleure aide que l’on puisse apporter pour hâter l’apparition, la meilleure manière d’attendre, consiste à propager la corruption. C’est là que le péché est à la fois un présage, une contemplation, un plaisir et une jouissance, autant qu’une aide à la sainte révolution finale.
Alors que selon les versets du Coran, l’apparition du Mahdî attendu (as) est un segment parmi les segments de la lutte entre les gens de la vérité et ceux de l’erreur, lutte qui s’achèvera par la victoire finale des partisans de la vérité. Le fait qu’un individu s’arrime à cette félicité suspendue provient de ce que cet individu compte effectivement parmi les partisans de la vérité. Les versets qui sont pris à témoin dans les hadiths montrent que le Mahdî attendu (as) est la manifestation d’une promesse qui a été faite au gens de foi, à ceux qui agissent justement.
Il est la manifestation de la victoire ultime des gens de foi : « Dieu a promis à ceux d’entre vous qui croient et qui accomplissent des œuvres bonnes d’en faire ses lieutenants sur la terre, comme il le fit pour ceux qui vécurent avant eux. Il leur a promis aussi d’établir fermement leur religion qu’il lui a plu de leur donner et de changer, ensuite, leur inquiétude en sécurité. Ils m’adoreront et ils ne m’associeront rien. » ( sourate Al-Nûr (La lumière) ; 24 : 55 ). Ils adorent leur Seigneur, sans crainte, ils ne se soumettent pas à d’autre que Dieu et ne lui associent rien dans l’adoration.
L’apparition du Mahdî attendu (as) est une grâce pour les opprimés et pour ceux qui ont été humiliés. C’est un moyen leur permettant de devenir des dirigeants et des leaders. C’est une introduction à leur succession au califat divin sur terre : « Mais nous voulions favoriser ceux qui avaient été humiliés sur la terre ; nous voulions en faire des chefs, des héritiers. » (sourate Al-Qasâs ; 28 : 5).
L’apparition du Mahdî attendu (as) réalisera une promesse que Dieu le Très-Haut a faite depuis les temps les plus reculés, dans les Livres célestes, à tous les justes et à tous les vertueux : la terre leur appartiendra et à la fin, elle ne dépendra que des vertueux : « Nous avons écrit dans les Psaumes, après le Rappel : ‘En vérité, mes serviteurs justes hériteront de la terre.’ » ( sourate Al-Anbiyâ’ (Les prophètes ) ; 21 : 105) et : « Mûsâ (as) dit à son peuple : ‘Demandez le secours de Dieu et soyez patients. La terre appartient à Dieu et il en fait hériter qui il veut, parmi ses serviteurs. L’heureuse fin sera pour ceux qui le craignent.’ » ( sourate Al-A‛râf ; 7 : 128 )
Le célèbre hadith disant : « Dieu remplira par lui la terre d'équité et de justice, après qu'elle fut remplie d'injustice et d'oppression », confirme ce propos. En effet, ce hadith s’appuie sur l’oppression et parle du groupe des tyrans qui nécessite celui des opprimés, nous faisant comprendre que le soulèvement du Mahdî (as) vient protéger les opprimés qui méritent protection – il est évident que s’il avait été écrit : « Dieu remplira par lui la terre de foi, de monothéisme et de bonté après qu'elle fut remplie de corruption », cela n’aurait pas nécessité l’existence du groupe de ceux qui méritent protection. Dans ce cas, on aurait déduit que le soulèvement du Mahdî attendu (as) consiste à sauver la vérité perdue et réduite à néant, et non le groupe des gens de la vérité – bien que minoritaire.
Shaykh Sadûq rapporte de l’Imâm al-Sâdeq (as) un hadith fondé sur le fait que cela ne se réalisera pas à moins que tous les méchants comme tous les bienheureux n’aillent au bout de leur action. Ensuite, il y est dit que le groupe des méchants, comme celui des bienheureux, parviendront au terme de leur action. Il ne s’agit pas ici d’une situation où il est question de bienheureux, mais uniquement de méchants devant atteindre le degré suprême de la méchanceté.
Dans le hadith islamique, il est question d’une élite qui rejoindra son Excellence l’Imâm (as) dès son apparition. Il est évident que cette élite ne sera pas créée d’emblée, car comme le dit le proverbe : « Le bois ne reverdit pas au pied du buisson ». Cette élite apparaîtra en même temps que la propagation de l’oppression et de la corruption qui fourniront de grandes opportunités pour qu’advienne une telle élite. Ceci permet de comprendre que non seulement le droit et la vérité ne seront pas amenés à disparaître complètement, mais que bien que l’on imagine que les justes n’attireront pas l’attention parce que minoritaires, ils seront cependant les plus valeureux des gens de foi du point de vue de leur qualité et se situeront au niveau des compagnons de l’Imâm al-Hussein (as). Selon les hadiths islamiques, peu de temps avant le soulèvement et l’apparition de l’Imâm (as), s’enchaînera une suite de soulèvements initiés par les gens de la vérité. Ce qui est exposé à propos du soulèvement du Yamanî en constitue un exemple. Ces événements également se produiront soudainement et sans conditions préalables.
Dans certains hadiths islamiques, il est question d’un état appartenant aux gens de la vérité qui perdurera jusqu’au soulèvement du Mahdî (as). Comme nous le savons, les savants shiites ayant un jugement favorable à propos de certains états shiites dont ils ont été les contemporains, ont supposé que l’état de droit devant perdurer jusqu’au soulèvement du Mahdî (as) était l’un de ses états. Bien que cette supposition ait découlé de leur ignorance sur la société et de leur manque de perspicacité vis-à-vis de la situation politique de leur époque, ceci témoigne cependant que ces individus n’interprétaient pas l’ensemble des versets et des hadiths à propos du Mahdî (as), dans le sens où la vérité, la justice et la foi doivent se trouver unilatéralement détruites et anéanties et que plus aucune trace ne doive subsister des justes et des vertueux pour que puisse paraître l’état du Mahdî (as).
Au contraire, ils entendaient ces versets comme la victoire du camp de la paix, de la justice et de la piété sur celui de la corruption, de l’oppression et de l’insouciance. Ainsi, de l’ensemble des versets et des hadiths, on conclue que le soulèvement du Mahdî attendu (as) constitue le dernier segment de l’ensemble des segments de la lutte entre la vérité et l’erreur, qui perdure depuis le commencement du monde. Le Mahdî attendu (as) fera se réaliser la part d’idéal de tous les prophètes (as), de tous les Amis de Dieu et de tous les combattants dans la voie de Dieu.